Cet article provient du site de Évangile21, vous trouverez le lien à la fin de l'article. C'est un extrait très inintéressant de la réflexion du pasteur John Piper sur les temps de Corona virus en 2020
17 avril 2020 | John Piper
Par le coronavirus, Dieu appelle son peuple à
surmonter l’apitoiement sur soi et la peur, afin d’accomplir avec joie et
courage les bonnes œuvres d’amour qui glorifient Dieu.
Jésus a enseigné à ses disciples ce qui suit : «
Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes
œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5.16). Ce qui passe souvent inaperçu, c’est que
les bonnes actions de ceux qui sont le sel de la terre et la lumière du monde
sont d’autant plus évidentes puisqu’elles sont accomplies même au milieu de la
souffrance.
Luire dans l’obscurité du danger
Jésus vient de dire : « Heureux serez-vous,
lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de
vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans
l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux » (Mt 5.11,12).
Puis il enchaîne ainsi, sans interruption : « Vous êtes le sel de la terre […]
Vous êtes la lumière du monde » (Mt
5.13-16).
Ce ne sont pas seulement les bonnes actions qui
donnent au christianisme sa saveur et son éclat. Ce sont les bonnes actions
accomplies en dépit du danger. De nombreux non‑croyants font de bonnes actions,
mais il est rare que les gens rendent gloire à Dieu pour celles-ci.
Le danger dans Matthieu 5 était la persécution et
non la maladie, mais le principe demeure. Les actes d’amour faits dans un
contexte dangereux, qu’il s’agisse de maladie ou de persécution, indiquent plus
clairement qu’ils sont soutenus par l’espérance en Dieu. Par exemple, Jésus dit
:
Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des
pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. Et tu seras heureux de ce
qu’ils ne peuvent pas te rendre la pareille ; car elle te sera rendue à la
résurrection des justes (Lu
14.13,14).
L’espérance en Dieu au-delà de la mort (« elle te
sera rendue à la résurrection des justes ») soutient et renforce les bonnes
actions qui ne nous offrent aucune perspective de récompense dans cette vie. Il
en va de même des bonnes actions qui nous mettent en danger, en particulier
celles qui nous mettent en danger de mort.
Pierre applique l’enseignement de Jésus
L’apôtre Pierre, plus que tout autre écrivain du
Nouveau Testament, reprend l’enseignement explicite de Jésus à propos des
bonnes actions :
Ayez au milieu des païens une bonne conduite,
afin que, là même où ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs,
ils remarquent vos bonnes œuvres, et glorifient Dieu, au jour où il les
visitera (1
Pi 2.12).
Pierre fait la même remarque à propos des bonnes
actions accomplies face au danger. Il dit : « Que ceux qui souffrent selon la
volonté de Dieu remettent leur âme au fidèle Créateur, en faisant ce qui est
bien » (1
Pi 4.19). Autrement dit, ne laissons pas la possibilité ou la
réalité de la souffrance nous empêcher de faire de bonnes actions.
Christ est mort pour créer de bonnes actions dans
des conditions dangereuses
Pierre lie cette nouvelle manière de vivre notre
vie chrétienne à la mort de Jésus pour nos péchés : « [Christ] a porté
lui-même nos péchés en son corps sur le bois, afin que morts aux péchés nous vivions
pour la justice » (1
Pi 2.24). À cause de Christ, les chrétiens mettent le péché à mort
et se consacrent aux bonnes œuvres de la justice.
Paul établit le même lien entre la mort de Jésus
et le zèle des chrétiens pour les bonnes œuvres : « [Christ] s’est
donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se
faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les
bonnes œuvres » (Tit
2.14).
Paul précise également que ces bonnes œuvres sont
destinées aussi bien aux chrétiens qu’aux non-croyants. « Ainsi donc, pendant
que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous, et
surtout envers les frères en la foi » (Ga
6.10). « Prenez garde que personne ne rende à autrui le mal pour le
mal ; mais recherchez toujours le bien, soit entre vous, soit envers tous
» (1
Th 5.15).
Christ est magnifié dans la bonté qui prend des
risques
Dieu désire avant tout que son peuple glorifie sa
grandeur et qu’il magnifie la valeur de son Fils, Jésus-Christ. « Soit donc que
vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose,
faites tout pour la gloire de Dieu » (1
Co 10.31). « Selon ma ferme attente et mon espérance […] Christ sera
glorifié dans mon corps avec une pleine assurance, soit par ma vie, soit par ma
mort » (Ph
1.20). Que Dieu soit glorifié en toutes choses. Que Christ soit
magnifié dans la vie comme dans la mort. Tel est le grand but que Dieu a fixé
pour l’humanité.
C’est pourquoi l’un des objectifs que vise Dieu
par le coronavirus est que son peuple mette à mort l’apitoiement sur soi et la
peur pour se consacrer à de bonnes actions en présence du danger. Les chrétiens
privilégient le besoin, et non le confort. L’amour, plutôt que la sécurité.
C’est à cela que ressemble notre Sauveur. C’est pour cela qu’il est mort.
L’exemple de l’Église primitive
Rodney Stark, dans son livre The Triumph of
Christianity (Le triomphe du christianisme), souligne qu’au cours des
premiers siècles de l’Église chrétienne, le « principe véritablement
révolutionnaire était que la charité et l’amour chrétiens devaient s’étendre
au-delà des frontières de la famille et même de celles de la foi, à tous ceux
qui étaient dans le besoin1».
Deux grandes pestes ont frappé l’Empire romain,
d’abord en 165 puis en 251 apr. J.-C. À l’exception de l’Église chrétienne, il
n’y avait aucun fondement culturel ou religieux pour exercer la miséricorde et
le sacrifice. « On ne croyait pas que les dieux se souciaient des affaires
humaines2. » « La miséricorde était considérée comme un défaut de
caractère et la pitié comme une émotion pathologique : parce que la miséricorde
motive à apporter une aide ou un secours non mérité, elle est
contraire à la justice3. »
Ainsi, alors qu’un tiers de l’Empire périssait à
cause de la maladie, les médecins fuyaient vers leurs domaines. Ceux qui
présentaient des symptômes étaient chassés de leurs maisons. Les prêtres abandonnaient
les temples. Stark observe toutefois que « les chrétiens prétendaient avoir des
réponses et, surtout, ils prenaient les mesures appropriées pour répondre aux
besoins4 ».
Les réponses comprenaient le pardon des
péchés par Christ et l’espérance d’une vie éternelle au-delà de la mort.
C’était un message précieux dans une période d’impuissance médicale et de
désespoir total.
Quant aux actions, un grand nombre de
chrétiens ont pris soin des malades et des mourants. Vers la fin du deuxième
fléau, l’évêque Denys d’Alexandrie a écrit une lettre dans laquelle il vantait
les membres de son Église ainsi :
La plupart de nos frères ont fait preuve d’un
amour et d’une loyauté sans bornes, ne s’épargnant aucune peine et ne pensant
que l’un à l’autre. Sans se soucier du danger, ils se sont employés aux soins
des malades, s’occupant de tous leurs besoins et les soignant en Christ. Avec
eux, ils ont quitté cette vie, sereinement heureux5.
Faire taire l’ignorance des empereurs
Au fil du temps, ces soins contre-culturels et
soutenus par Christ pour les malades et les pauvres ont eu pour effet de
détourner de nombreuses personnes du paganisme environnant et de les gagner à
la foi chrétienne. Deux siècles plus tard, lorsque l’empereur romain Julien
(332‑363 apr. J.‑C.) a voulu redonner vie à l’ancienne religion romaine et a vu
le christianisme comme une menace croissante, il a écrit, frustré, au grand
prêtre romain de Galatie :
L’athéisme [c’est-à-dire la foi chrétienne]
a particulièrement progressé grâce au service empreint d’amour rendu aux
étrangers et au souci que [les chrétiens] ont de veiller à
l’enterrement des morts. Il est scandaleux qu’il n’y ait pas un seul Juif qui
soit mendiant, et que les Galiléens impies [c’est-à-dire les chrétiens]
se soucient non seulement de leurs propres pauvres, mais aussi des nôtres,
alors que ceux qui nous appartiennent cherchent en vain l’aide que nous
devrions leur apporter6.
Soulager les souffrances envoyées par Dieu
Il n’y a pas de contradiction entre le fait de
considérer le coronavirus comme un acte de Dieu et celui d’appeler les
chrétiens à prendre des risques pour soulager les souffrances qu’il provoque.
Depuis que Dieu a soumis le monde au péché et à la misère lors de la chute, il
a ordonné que son peuple cherche à sauver ceux qui périssent, même si c’est lui
qui a fixé le jugement de la mort. Dieu lui-même est venu dans le monde en la
personne de Jésus-Christ pour sauver les hommes de son juste jugement (Ro 5.9).
Tel est le but de la croix de Christ.
C’est pourquoi les bonnes actions du peuple de
Dieu comprennent des prières pour la guérison des malades, des prières pour que
Dieu retienne sa main et fasse reculer la pandémie, et d’autres pour qu’il fournisse
un remède. Nous prions au sujet du coronavirus, et nous travaillons pour
soulager la souffrance qu’il produit, comme Abraham Lincoln a prié en vue de la
fin de la Guerre de Sécession et a travaillé pour y mettre fin, même s’il y a
vu un jugement de Dieu :
Nous espérons ardemment – et nous prions avec
ferveur – que ce puissant fléau de la guerre disparaisse rapidement. Cependant,
si Dieu veut qu’il continue, jusqu’à ce que toutes les richesses accumulées par
les deux cent cinquante années de labeur non rémunéré de l’esclave soient
englouties et que chaque goutte de sang tirée du fouet soit payée par une autre
tirée de l’épée, comme on l’a dit il y a trois mille ans, il faut encore dire
que « les jugements de l’Éternel sont vrais, ils sont tous justes ».
Dieu accomplit son œuvre – en grande partie en
secret. Nous avons la nôtre. Si nous lui faisons confiance et si nous obéissons
à sa Parole, il fera en sorte que sa souveraineté et notre service
accomplissent ses sages et bons desseins.
https://evangile21.thegospelcoalition.org/article/faire-de-bonnes-oeuvres-dans-des-conditions-dangereuses/